23-04-2014

L’heure des sorcières, une exposition au Quartier centre d’art contemporain à Quimper

A travers des dessins, peintures, installations et documents, cette exposition collective révèle l’image de la sorcière comme dimension symbolique de la différence et de la résistance. Elle se déroule jusqu’au 18 mai 2014.

Camille Ducellier Sorcières, mes sœurs, 2010 / Production Le Fresnoy, Tourcoing / Photo Dieter KikAu cours des siè, y tcles, le terme « sorcière » a été attribué aux femmes considérées comme dangereuses par les hommes de pouvoir. A partir du vingtième siècle, des artistes, agitatrices et féministes s’approprient cette appellationrouvant une force pour bousculer, voire renverser ce pouvoir masculin.
Au début du parcours de l’exposition, j’ai retenu un texte de Maya Deren, américaine d'origine russe, tiré de son carnet de notes de 1947. Cette réalisatrice de films expérimentaux et théoricienne nous livre ses observations sur la relation qu’entretient la sorcière à la norme.
Ce texte donne une juste vision de la sorcière au-delà de l’imagerie classique et populaire.

« Une sorcière est un être déviant qui a réussi – du point de vue de la survie, à tout le moins. Il existe en effet, au sein de chaque société, un modèle culturel, idéologique et social de ce qu’il ne faut pas être et ce modèle délimite ce qui est « normal » (un terme perçu comme synonyme de « naturel », ne l’oublions pas).
La plupart des gens survivent parce qu’ils se conforment à ces modèles, c’est-à-dire qu’ils se comportent normalement. Cependant, tous ne se comportent pas « normalement » et ces personnes ont du mal à survivre, à cause de leur rejet du système et de tout ce qui le sous-tend, et habituellement elles s’enfoncent. L’on qualifie alors ces personnes « d’anormales » ou de « mésadaptées » ou d’autres adjectifs péjoratifs au regard de la norme.
Puis surgit une personne déviante mais qui survit, et puisque celle-ci ne fonde pas son existence sur des Kiki Smith, Sitting with a Snake, 2007. Estampe numérique sur soie. 175 x 124 cm.  Courtesy galerie Lelong, Paris, © Kiki Smithmodèles convenus – les seuls considérés comme naturels par les gens normaux -, il faut donc que cette déviance tire sa force vitale de quelque chose « d’inconnu » ou de « surnaturel ». Cette « indépendance » à l’égard des modèles vus comme naturels et dont dépendent les gens ordinaires correspond évidemment aux autres traits universellement prêtés aux sorcières, par exemple la « solitude » ou l’amitié des chats. »

Carnet de notes de Maya Deren (1947)
Un lien vers Le Quartier, bonne visite.

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